Titre : Inondations de juillet 1996 au Saguenay | |
Statut : Identification | Catégorie : Événement historique |
Autorité : Ville de Saguenay | Date : 7 septembre 2021 |
Durant les deux premières semaines de juillet 1996, et plus particulièrement entre les 19 et 21 juillet, des pluies diluviennes tombent sur la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, saturant les sols d’eau. Peu habituel, le phénomène météorologique laisse derrière lui plus de 260 mm de pluie en 72 heures. Le niveau d’eau des bassins des plus importants barrages hydrographiques de la région, notamment ceux des lacs Kénogami et Ha! Ha!, augmente de manière alarmante.
Par crainte que le barrage du lac Kénogami se fissure ou cède, Hydro-Québec ouvre la totalité des vannes. Cette forte augmentation du débit modifie le lit de la rivière Chicoutimi et inonde les terres environnantes. Plusieurs résidences, chalets ou fermes sont emportés ou inondés. La rivière Chicoutimi contourne aussi le barrage de la Chute-Garneau et inonde le quartier du bassin où de nombreux commerces et résidences sont détruits.
La digue de terre du lac Ha! Ha! cède et le lac se draine presque entièrement en 18 heures. La rivière Ha! Ha!, dont le débit augmente considérablement, sort de son cours, emportant avec elle plusieurs routes. Les municipalités du Bas-Saguenay ainsi que celle de Ferland-et-Boileau se retrouvent alors isolées. À La Baie, l’élargissement du lit de la rivière à Mars occasionne des dommages importants à plusieurs habitations, ponts et tronçons de route. Le chemin de fer de la compagnie Alcan est également touché. Le paysage urbain et naturel du secteur Grande-Baie restera à jamais dévisagé par l’érosion des tronçons plus abrupts de la rivière Ha! Ha!
À Jonquière, les rives de la rivière aux Sables connaissent également le même sort alors que plusieurs immeubles du centre-ville s’effondrent et au moins trois ponts et deux barrages sont détruits.
L’état d’urgence est rapidement déclaré. Les lignes téléphoniques sont coupées, l’approvisionnement en eau potable fait défaut et de nombreuses pannes électriques sont répertoriées. Les différentes évacuations touchent près de 14 000 personnes.
Deux personnes perdent la vie dans le secteur Grande Baie. Au total, 55 fermes et commerces sont lourdement endommagés et près de 1 110 maisons, commerces et logements sont détruits. Les pertes matérielles totalisent 1 milliard de dollars. Le gouvernement du Québec, en plus de décréter l’état d’urgence, applique également la Loi sur la protection des personnes et des biens en cas de sinistre. La Croix Rouge, la sécurité civile et l’armée canadienne sont mises à profit et un fond d’assistance est octroyé.
Une commission d’enquête est créée lors de laquelle sont entendus le service de météorologie d’environnement Canada, les propriétaires de barrages tels qu’Hydro-Québec et Alcan, les autorités gouvernementales et municipales, des experts en sinistres, des chercheurs en hydrologies de l’IRNS-Eau et des citoyens du Saguenay. Plusieurs recommandations sont émises : la mise en place de normes plus strictes pour la construction et la surveillance des barrages, l’aménagement du territoire des zones inondables et celles à risque ainsi que le respect de ces zones par les municipalités et la mise en place d’un plan d’urgence partout au Québec.
Il convient de se rappeler que la catastrophe a affecté les municipalités d’Hébertville au Lac-Saint-Jean ainsi que celles de L’Anse-Saint-Jean et de Petit-Saguenay au Bas-Saguenay. Sur la Côte-Nord, plusieurs routes sont endommagées et cinq automobilistes perdent la vie. Finalement, suite au naufrage de leur voilier, trois passagers périssent près de Tadoussac. La nouvelle de cet évènement catastrophique fait le tour du monde. Les images de maisons emportées par les eaux et de paysages défigurés sont relayées par la majorité des médias qui en font une couverture locale et directe.
La population du Saguenay se montre solidaire, courageuse et résiliente. L’histoire retient cet épisode comme étant celui du Déluge du Saguenay.