Marguerite Belley est née à Saint-Pierre et Saint-Paul de la Baie-Saint-Paul, le 17 décembre 1792. À l’âge de 18 ans, en 1810, elle épouse Jean Maltais. Ce dernier est un immigrant français qui fraîchement arrivé à La Malbaie. Les époux s’établissent sur une petite ferme située à la rivière Mailloux. Pendant leur union, Marguerite Belley donne naissance à treize enfants (dix atteignent l’âge adulte). En 1851, son époux décède et celle-ci, sous la tutelle de ses fils, hérite alors d’actions dans la Société des Défricheurs et Cultivateurs de Saguenay.
Marguerite Belley croit que l’avenir de ses enfants passe par la possession et le développement de la terre. Pour assurer l’avenir de ses enfants, elle décide donc de s’établir définitivement au Saguenay vers 1853. Âgée de 62 ans, elle s’installe dans le canton Jonquière avec ses deux plus jeunes fils Léandre et Thomas où elle possède 11 lots de terre (1 100 acres). Ils habitent et défrichent leurs terres, alors inexploitées, dans le secteur de la rivière aux Sables.
Marguerite Belley fait donc partie d’une colonie qui a réalisé les premiers développements du secteur de la rivière aux Sables du canton Jonquière, terres particulièrement ingrates en raison de la présence de gros arbres de bois durs qui rendent le défrichement ardu. Son sens de l’entrepreneuriat mobilise ses enfants autour d’elle afin d’établir et développer leurs terres, et participer à la vitalité de la colonie. Vers 1865, avec en poche une rente de son fils aîné, Marguerite retourne à La Malbaie (Charlevoix) où elle décède le 9 février 1877 à l’âge de 84 ans.
Le parcours de Marguerite Belley, que certains considèrent comme la pionnière de la fondation de Jonquière, a nourri l’imaginaire collectif de toute une région, et ce, depuis plus d’un siècle. Comme le mentionne bien Russel Bouchard (1997, p. 143) « la petite histoire de la fondation de Jonquière a donné lieu à des interprétations diverses, tantôt loufoques, tantôt émouvantes, qui tendent à mettre en exergue la participation de Marguerite Belley – une femme – à la tête (sic) du mouvement pionnier de la Rivière-au-Sable. »
Tout d’abord, l’abbé Dominique Racine dans son premier Rapport de mission (1863) livre une première version du récit de Marguerite Belley. Récit reprit au début des années 1900, par le chroniqueur Arthur Buies, par la Société historique du Saguenay (1938) et par l’écrivain Eugène Achard (1946). Un narratif qui a contribué à consolider le mythe autour de cette femme. Malgré certaines interprétations romancées entourant l’histoire de Marguerite Belley, celle-ci demeure une figure emblématique dans la colonisation de Jonquière. Une pionnière dont les enfants et leurs descendants ont perpétué la vision en participant activement au développement de la région. Le récit de cette mère de famille dévouée a été souligné dans différents ouvrages (écrits historiques, romans et articles) et ponctue également le territoire jonquiérois :
- Immeuble Marguerite Belley construit en 1972 (3950 Bd Harvey, Jonquière);
- Monument commémoratif 1947 (artistes : Germain Desbiens et Jérôme Légaré) : monument qui rend hommage aux pionniers et qui montre Marguerite Belley et ses deux fils, avec lesquels elle a défriché pendant quatre ans afin qu’ils puissent s’établir sur des terres faisant aujourd’hui partie de Jonquière (Parc des Pionniers de Jonquière);
- École Marguerite-Belley à Jonquière | Centre de services scolaire De La Jonquière (4080, boulevard Harvey, Jonquière).