Église Notre-Dame-de-Fatima

La vision rêvée de l’architecte | Mise en contexte

Dans le but de préserver la mémoire de l’œuvre de Jean-Guy Barbeau, interreliée à l’architecture unique de l’église Notre-Dame-de-Fatima, la Ville de Saguenay, en collaboration avec le ministère de la Culture et des Communications, a procédé à la conception d’une maquette virtuelle.

Le mandat de la firme en conception graphique consistait à reproduire virtuellement tous les éléments du lieu tel qu’ils avaient été conçus à l’origine. Il était également essentiel de capter et de reproduire « l’esprit du lieu », inspiré par l’ambiance et l’effet de la lumière traversant les vitraux conçus par l’artiste Jean-Guy Barbeau.

Le travail de modélisation en trois dimensions de l’église reflète la vision rêvée de l’architecte. La maquette virtuelle a été réalisée à partir de photos d’archives et des plans des architectes Léonce Desgagné et Paul-Marie Côté. En 2016, des visites réelles du site ont étés effectuées et ont permis de confirmer certains détails techniques, tels que l’emplacement exact des luminaires et la texture des revêtements de sol. Au cours du processus de réalisation, certains spécialistes et paroissiens ont également été consultés afin de recueillir leurs commentaires sur le rendu visuel du travail accompli.

Une architecture nouvelle

La paroisse Notre-Dame-de-Fatima a été fondée en 1953 pour répondre à la forte augmentation de la population qui habitait Jonquière depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dès son arrivée, l’abbé Michel Lavoie, curé fondateur, fait construire une chapelle temporaire en attente de la construction d’une église suffisamment grande pour desservir l’agglomération en pleine expansion.

Le mandat de conception de l’Église Notre-Dame-de-Fatima, du presbytère et du site est confié aux architectes Léonce Desgagné (1920-1985) et Paul-Marie Côté (1921-1969) en 1962. Ils doivent travailler dans un contexte où la réforme liturgique de Vatican II est en processus d’implantation et que souffle sur le Québec un renouveau architectural des églises depuis 1945.

Originaires de la région du Saguenay, Desgagné et Côté sont reconnus pour leur apport innovateur à l'architecture québécoise. Associés de 1958 à 1969, ils conçoivent des oeuvres expressives et sculpturales, affranchies de toute tradition. L'église et le presbytère de Notre-Dame-de-Fatima comptent parmi leurs réalisations phares (Jean-François Rodrigue 2008, © Ministère de la Culture et des Communications).

L’église inaugurée le 30 juin 1963, près d’un an après le début des travaux, adhère au courant avant-gardiste de l’architecture religieuse du Québec qui met l’architecture au service des nouvelles préoccupations de l’Église. En effet, depuis les années 1950, une réforme liturgique dont l’objectif était d’impliquer et de faire participer les fidèles aux cérémonies s’est installée au sein de l’Église catholique.

Le bâtiment principal est constitué de deux demi-cônes en béton décalés l’un par rapport à l’autre, dont l’un se poursuit vers le ciel en une flèche surmontée d’une croix. L’espace formé par ce décalage est occupé par de longues fenêtres à l’intérieur desquelles des vitraux, œuvre de Jean-Guy Barbeau, sont imbriqués.

L’église a été fermée au culte en 2004.

Sculpter la lumière | L’œuvre de Jean-Guy Barbeau

Jean-Guy Barbeau a conçu les vitraux de l’église Notre-Dame-de-Fatima de façon à ce qu’ils s’intègrent parfaitement dans cette église nouveau genre. Les compositions géométriques de 12 pieds de largeur par 60 pieds de hauteur témoignent d’une réflexion non seulement sur la composition formelle du vitrail mais révèlent des préoccupations quant à la lumière projetée sur les surfaces avoisinantes.

Les esquisses de l’artiste furent approuvées officiellement en décembre 1962. Il a élaboré son œuvre sur des cartons à une échelle réduite d’un pouce pour un pied, à partir desquels l’entreprise Leduc et frères Ltée a fabriqué les vitraux.

Constitués de panneaux en acrylique colorés et laminés en multicouche, les vitraux sont soutenus devant les fenêtres de l’église par des charnières en aluminium. L’installation opalescente se distingue de la technique traditionnelle du vitrail, entre autres par l’emploi de matériaux contemporains et de techniques d’assemblage adaptées à ce bâtiment hors norme. À la manière d’un tableau toujours en mouvance, les vitraux s’illuminent grâce aux puits de lumière naturelle et bénéficient également d’un rétroéclairage au néon.

Le vitrail nord est composé de sept panneaux à dominante de couleurs froides : bleu, vert, jaune et noir. Il teinte la lumière provenant du nord qui se répercute dans le vestibule et le baptistère.

Pour sa part, le vitrail sud est composé de huit panneaux à dominante de couleurs chaudes : rouge, orange, jaune, bleu et noir. Laissant pénétrer la lumière provenant du sud, c’est son reflet qui donne toute l’ambiance à l’église. Alors que la nef est plongée dans une douce pénombre, ce vitrail illumine la section du chœur et le mur en arrière-plan. Cet intense contraste lumineux sert également à distinguer le chœur de la nef, même s’ils semblent faire partie d’un seul et même espace, et à donner toute l’attention à l’autel.



Références

  • Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ);
  • Société historique du Saguenay;
  • Archives Notre-Dame-de-la-Paix;
  • Archives de diocèse de Chicoutimi;
  • Répertoire du patrimoine culturel du Québec, ministère de la Culture et des Communications.
Références

Remerciements

  • Diocèse de Chicoutimi;
  • Horizon Grafik;
  • Paroisse Notre-Dame-de-la-Paix;
  • Société historique du Saguenay.

Remerciements spéciaux aux personnes consultées tout au long du processus de réalisation :

  • Marcelle Barbeau;
  • Jean-Yves Bouchard;
  • Luc Bouchard;
  • Germain Laberge;
  • Soeur Jeannine Lapierre;
  • Pierre-Paul Legendre;
  • Hélène Martel;
  • Gilles Rinfret;
  • Roger Sarrasin;
  • Cécile St-Gelais.
Remerciements


Galerie photos

  • Autel L’autel est composé de granite rose, extrait d’une carrière de Saint-Gédéon au Lac-Saint-Jean. Ce monolithe de 10 tonnes a été fabriqué en 1963 par la Compagnie Granit National, pour le prix de 1 700$. Lors de l’aménagement d’origine, l’autel était adossé à une courtine et le tabernacle trônait en son centre. Il a été consacré le 27 juin 1963 en l’honneur de Notre-Dame de Fatima par Monseigneur Léon Maurice, vicaire général du Diocèse de Chicoutimi, qui y a également enfermé les reliques des saints martyrs Adéodat et Candidas. Après 1965, l’autel est placé en plein milieu du chœur et le tabernacle est déplacé vers un autel secondaire.
  • Bancs Tout le mobilier en bois a été conçu et fabriqué par l’entreprise locale Potvin & Bouchard inc. La commande comprenait les bancs, les prie-Dieu, certaines sections de la sainte table, les confessionnaux ainsi qu’une chaire, une crédence, une croix et des chandeliers.
  • Station 1 du chemin de croix Jésus condamné à mort
  • Jésus chargé de sa croix
  • Jésus tombe pour la première fois
  • Jésus rencontre sa sainte Mère
  • Jésus aidé par le Cyrénéen
  • Véronique essuie la face de Jésus
  • Jésus tombe pour la deuxième fois
  • Jésus console les saintes femmes
  • Jésus tombe pour la troisième fois
  • Jésus dépouillé de ses vêtements
  • Jésus cloué à la croix
  • Jésus meurt sur la croix
  • Jésus descendu de la croix
  • Jésus mis au tombeau
  • Le Christ-en-Croix a été conçu et sculpté par l’artiste Jacques Barbeau en 1962 et 1963. Celui-ci est né en 1934 sur la rive sud de Québec et est diplômé, en 1956, de l’École des Beaux-Arts de Québec. Il s’est ensuite installé dans la région de l’Estrie, où il a mené une vie artistique et une carrière dans l’enseignement.

    Son œuvre représente le Christ crucifié sur la croix, dans un style épuré et sobre, en accord avec celui de l’église. Il est composé de bois naturel sculpté, peint et verni et mesure 1,8 mètre de haut. À l’époque, l’artiste a obtenu un cachet de 1 500$ pour concevoir cette œuvre.
  • Le confessionnal est le lieu où le prêtre entend les confessions de ses fidèles. Les quatre confessionnaux de Notre-Dame-de-Fatima ont été fabriqués par l’entreprise Potvin & Bouchard inc. qui a également conçu le reste du mobilier en bois. L’extérieur des confessionnaux est composé de merisier verni et est couronné de coupoles en acrylique transparentes. L’intérieur comprend des tuiles acoustiques pour l’insonorisation, ainsi que des sièges et agenouilloirs rembourrés.
  • Ce tabernacle, fait de laiton, se trouve désormais à l’église Notre-Dame-de-la-Paix de Jonquière.